samedi 17 mars 2012

Départ pour le Lac blanc : Tsagaannur le 04/03/12


Partir pour le nord de la région de Khuvsgul en hiver est un défi avec beaucoup d'incertitudes. Le  voyage avec Eline, Etienne, Marc, Simon et Hugues en juin dernier avait déjà été pittoresque. Nous l'avions fait en deux étapes.  Cette fois nous monterons d' une traite. 

En sortant de l'hôtel à Murun, c'est avec beaucoup de plaisir que nous découvrons notre chauffeur : un ami du 105 (Sécurité Civile) que j'ai connu en avril et juin dernier. L'équipe est solide, déterminée et expérimentée. Nous pouvons prendre la piste de montagne et passer à l'ouest de la barre rocheuse qui borde le lac Khuvsgul pour rejoindre la grande plaine de lacs et de tourbières de la région de Tsagaannur, soit 285 km plus au nord de la  capitale régionale. 


Nous commençons à nous élever  vers les hauts plateaux en croisant quelques troupeaux de moutons, chèvres, yacks et pour finir quelques groupes imposants de chameaux. Ces derniers nous regardent, mais gardent toujours une distance de sécurité. Ces animaux à demi sauvages doivent conserver leurs instinct sauvage pour passer l'hiver dans de telles conditions.




Au chaud dans le mini bus de la sécurité civile ,
nous allons passer 11 heures avant de rejoindre
notre objectif. Nous traversons des paysages magnifiques, que nous devinons au travers des vitres givrées de notre véhicule. 
Tout compte fait , rapidement nous réalisons que l'hiver n'est pas la période la plus difficile pour se déplacer. Il y a peu de neige et tout peut se traverser sans risque de s'embourber. 
Le moral est bon, chacun s'occupe comme il peut. Les paysages défilent, les heures avancent . 

 Nous faisons une halte pour se restaurer . Pains, saucissons et viande de marmotes composent notre repas.
Nous n'avons pas croiser de véhicules depuis le départ. 
Nous rentrons petit à petit dans cette région récemment baptisée la "Haute Savoie de Mongolie" avec ses montagnes ses forêts et plus loin ses lacs. 


C'est le pays des esprits avec ses chamanes à la  limite de la forêt. Un mélange complexe de croyances grâce auxquelles on arrive à survivre dans ce monde rude.

 Nous arrivons en milieu d'aprés midi à Ulaan uluu, village au milieu de notre trajet. Un petit arrêt à l'hôpital pour dire bonjour à l'équipe médicale du Sum.

Un repas nous est offert avec thé et ruchuur (beignets). Nous prenons des rendez vous de consultations pour notre passage au retour.

Puis nous remontons dans notre véhicule. Il nous reste 5 à 6 heures de voyage. Nous avançons sur le bord ouest de cette vaste dépression. C'est la piste la plus rapide pour rejoindre le nord. Dans cette ambiance de grande solitude, cahotés avec un peu de musique mongole nous roulons lentement.



Au loin nous apercevons une moto posée  sur la trace de neige avec un homme couché. Notre équipe d'urgentistes des steppes comprend immédiatement la situation. Sur quelle catastrophe allons nous tomber? Apres avoir relevé la moto et stimulé l'individu couché sur la piste ce dernier ouvre les yeux, très étonné de voir des gens dans cet endroit. Les quelques paroles exprimées dans une langue peu compréhensible pour nous tous, nous posons cliniquement le diagnostic d'intoxication éthylique aigüe. Comme le motard retrouve rapidement une énergie farouche, il peut repartir. Nous sommes soulagés par la fin de cette rencontre. 
Cela nous montre la réalité de la vie dans ce pays. Que serait devenu cet homme si nous n'étions pas passés par cette piste ? Le froid l'aurait définitivement endormi ou les esprits de la steppe l'auraient réveillé au bon moment. Personne ne peut le dire. 


Nous arrivons dans la nuit à notre étape, accueillis chaleureusement par la médecin de l'hôpital de Tsagaannur. 

Demain sera un autre jour. 

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